En août 1930, sur le paquebot entre Madras et Londres, un jeune scientifique indien leva les yeux vers les étoiles et envisagea leur destin. Subrahmanyan Chandrasekhar – Chandra, comme on l’appelait – calcula que certaines étoiles connaîtraient une mort des plus violentes, s’effondrant pratiquement jusqu’à néant. Cette assertion extraordinaire, première description mathématique des trous noirs, resta sur le cœur de sir Arthur Eddington, l’un des plus grands astrophysiciens de l’époque. Il ridiculisa publiquement Chandra en 1935, le plongea dans un désarroi intellectuel et émotionnel… et entrava les progrès de l’astrophysique pendant près de quarante ans.
Retraçant l’ascension de deux grandes théories – la relativité et la mécanique quantique – que se heurtent de front dans les trous noirs, Sous l’empire des étoiles est l’histoire remarquable de cette inimitié intellectuelle et de ses implications pour la science du XXe siècle. C’est aussi le récit émouvant de la lutte d’un homme isolé contre l’establishment scientifique et les préjugés profondément enracinés qui affectaient même les esprits rationnels. De ce fait, ce ne fut pas avant la guerre froide que la communauté scientifique se rendit compte de l’importance des travaux de Chandra, qui furent finalement récompensés par un prix Nobel en 1983.
Traduit de l'anglais par Bernard Sigaud