Préfacé par Monsieur Vovelle, ce livre traite de la sensibilité moderniste qui s'est développée partout en Asie au XIXe siècle, pour répondre à des problèmes endogènes d'une part, pour s'adapter à l'intrusion de plus en plus affirmée des Européens d'autre part. L'originalité du cas du Vietnam est que cette sensibilité s'est développée au début du XXe siècle dans un contexte colonial coercitif et a donc revêtu des formes particulières : associations apparemment cultuelles servant de paravents à des discussions politiques, journaux diffusant les idées nouvelles en contournant la censure, coopératives de production dont les bénéfices étaient consacrés en partie à financer le fonctionnement d'écoles où était enseigné un savoir moderne, aux filles comme aux garçons. Malgré la répression qui affecta ces organismes après 1908, la sensibilité moderniste continua à influencer l'évolution de la société vietnamienne jusqu'à nos jours.