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grande couv
Mont-Revêche
George Sand
Editeur: La Gibecière à Mots
2,99 €

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George Sand (1804-1876)

"– Tu as mille fois raison, mon cher ami, disait Flavien ; mais la raison est une sotte : elle n’a jamais guéri que les gens bien portants, et, moi, je suis malade, très malade, ne le vois-tu pas ? J’ai une fièvre nerveuse qui me rend insupportable aux autres et à moi-même.

– Ta fièvre est une sotte, répondait Thierray. Elle n’a jamais tué que les êtres faibles au moral et au physique, les niais. Tu es un des êtres les mieux organisés que je connaisse : donc, une crise d’irritation nerveuse, causée par le plus vulgaire des chagrins, n’est pas un mal dont tu ne puisses triompher, s’il te plaît, en deux heures.

– Oui ; je sais que, d’ici à deux heures, je peux m’entendre avec une femme plus belle et peut-être tout aussi aimable que Léonice. Mais il me faudra peut-être deux mois pour trouver supportables, auprès de celle-là, les heures que j’avais fini par trouver assez douces auprès de celle-ci.

– Sais-tu une idée qui me vient ? reprit Thierray. C’est que tu es né pour le mariage.

– D’où te vient cette idée lumineuse ?

– De ta manière d’aimer, qui me paraît fondée sur l’habitude, sur les besoins de l’intimité bourgeoise.

– Tu te trompes. J’ai des besoins et des habitudes de domination patriciennes : c’est bien différent. Voilà pourquoi, jusqu’ici, je n’ai eu de goût que pour les femmes qu’on achète.

– Oh ! mon cher ami, dit Thierray, j’ai toujours remarqué que les hommes, même les mieux trempés, choisissent de bonne foi, pour faire illusion aux autres et à eux-mêmes, la qualité ou le défaut qu’il possèdent le moins."

Flavien de Saulges a hérité de sa tante un domaine, Mont-Revêche, et souhaite le vendre au député Dutertre. Il part pour Mont-Revêche en compagnie d'un ami de longue date, le poète Jules Thierray. Ils font connaissance de la famille Dutertre...