Les serviteurs de l'État existent-ils au Moyen Âge ? Cette question, qui se situe au cœur des travaux du XXIXe Congrès de la Société des Historiens médiévistes de l'Enseignement supérieur public, réuni à l'Université de Pau en mai 1998, renvoie à la lente genèse de l'État dans laquelle le poids des hommes s'est révélé essentiel. De ces serviteurs, au premier rang desquels les clercs se sont longtemps tenus - du moins dans l'Occident chrétien -, compétence et fidélité étaient requises en priorité. L'office, accordé par le prince, était soumis à des rituels d'échanges complexes, dans lesquels la question des gages était finalement secondaire, même s'il se présentait aussi comme un choix volontaire et non désintéressé. L'office était de même l'objet de stratégies prenant en compte la naissance, les alliances, les hiérarchies sociales. Les serviteurs de l'État se sont constitués progressivement en un corps social solidaire, complice et d'une stabilité remarquable, qui a largement contribué à la naissance d'un des moteurs fondamentaux de l'État moderne, la fonction publique.