« La Floride passa aux mains de l’Angleterre par le traité de 1763 ; pour consoler les Espagnols de cette perte, Louis le Bien-Aimé leur céda la partie de la Louisiane située à l’ouest du Mississipi. Les Anglais daignèrent s’accommoder de la rive orientale.
Ces libéralités, octroyées par un roi de France à des étrangers sous l’inspiration de la Pompadour, ne furent restituées à la France qu’en 1800 ; mais pas pour longtemps, car Bonaparte, en 1803, vendit la Louisiane aux États-Unis pour quatre-vingts millions.
Les Espagnols reconquirent la Floride en 1781, pour la revendre en 1819 aux États-Unis. J’ignore le prix de ce morceau de terre de 15,467,000 hectares.
Quand l’oncle Sam, contrat en mains, voulut prendre possession de son nouveau domaine, les choses n’allèrent pas tout à fait à son gré.
L’ayant acheté tel qu’il se poursuit et se comporte, avec des Indiens séminoles dessus, il se trouva plus embarrassé que le paysan solognot qui achète un arpent de terre cinquante francs, à condition qu’il y trouvera un lièvre au gîte ; il lui fallut plus d’un coup de fusil pour abattre son gibier.
Entrant tout d’abord en coquetterie avec les Indiens, l’oncle Sam commença par leur proposer de les forcer à s’expatrier et à se transporter dans l’Arkansas, sur les bords de la rivière Blanche, un superbe pays, disait-il, bien plus fertile que la Floride, abondamment fourni de gibier de toute espèce.
C’était en 1835. Le grand-père, doux nom que les Indiens donnent au président des États-Unis, était alors Adrien Jackson. Ses petits-fils, enfants terribles et mal élevés, s’obstinèrent à rester nu-tête sous le soleil de la Floride, au milieu de leurs plantations d’orangers et de cannes à sucre. »
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.