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grande couv
À travers l'Amérique - le Far-West
Olympe Audouard
Editeur: Collection XIX
3,99 €

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« Il y a deux manières de juger l’Amérique, comme il y a deux manières d’envisager cette contrée. Si vous arrivez en Amérique après avoir lu les ouvrages des fanatiques admirateurs de ce pays qui vous représentent ce continent comme un foyer de lumière, comme la seule, la vraie patrie de la grande liberté ; qui vous assurent que son gouvernement, est le seul bon, l’idéal que doivent prendre pour modèle tous les esprits éclairés, tous les amis du progrès ; si vous prenez au sérieux toutes ces phrases que répètent si volontiers certains Américains : « Nous sommes un grand peuple ! un peuple grand, un peuple vertueux ! chez nous point. d’abus, point d’arbitraire ; mais la vraie, la saine liberté pour tous ; » si vous arrivez, dis-je, en prenant tout cela au pied de la lettre et avec l’illusion que vous allez enfin admirer un peuple sage, honnête, libéral, reconnaissant la parfaite égalité de tous devant tous, et n’admettant que la supériorité de l’intelligence et de la probité ; un gouvernement modèle, sans arbitraire ; un président nommé librement par la majorité ; si vous êtes assez naïf pour avoir toutes ces illusions, que de déceptions vous attendent ! et comme vous jugerez sévèrement les hommes et les choses de ce pays !
Mais si, au contraire, vous allez sans idée préconçue, en Amérique, vous la prenez pour ce qu’elle est, pour un immense continent qui, depuis deux siècles, se peuple avec le trop-plein et, disons le mot, un peu avec le rebut de toutes les nations du monde. Alors vous serez étonnes des résultats obtenus, sans tomber pour cela dans l’exagération. Car enfin, il est très-vrai que lord Baltimore émigra jadis en compagnie de quelques seigneurs anglais et s’en alla fonder une colonie en Amérique ; il est vrai encore que quelques familles anglaises, hollandaises, allemandes et françaises, ont été attirées vers ce jeune pays par l’amour de l’indépendance ou chassées de chez elles par des persécutions religieuses ; mais, abstraction faite de ces quelques honorables exceptions, il faut bien convenir que ce ne sont ni les bons bourgeois, ni les grands seigneurs qui abandonnent leur foyer et leur patrie, pour émigrer dans ce nouveau monde ; ce sont généralement les pauvres parias de la société et de la fortune, quelques exilés politiques et encore plus d’un exilé non politique. »

Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.