Dans un Paris révolutionnaire apocalyptique, ville épuisée, laissée folle et exsangue par les délires de la Terreur, voilà qu’arrive un homme suspect dans la taverne de Ronchard, tenancier peu scrupuleux et mouche du Comité de surveillance.
L’étrange visiteur peine à trouver où s’assoir dans un premier temps. Plein comme un œuf, la taverne voit tour à tour défiler toutes les misères de ce quartier pauvre du centre de Paris. Entre un ivrogne affalé sur sa table, les habitués goguenards du quartier ou encore une femme prostituée par son propre mari, courant de table en table ; sa fille de 13 ans, elle aussi prostituée, à ses basques, l’étranger hésite sérieusement à rester.
Il faut finalement toute la ruse de Ronchard pour le forcer à rester. En catastrophe, ce dernier trouve à Marcellin, ainsi se prénomme l’étranger, une place pour s’attabler. Inconvénient, tout de même : la table est déjà occupée et Marcellin ne pourra pas y couper. Il va devoir écouter tout ce que son voisin pense utile de lui raconter. Mais fort heureusement, il n’est pas si mal tomber que ça même si son voisin finira, tout de même, par lui avouer l’atroce mission à laquelle les hommes forts de sa section le destinent.
Entre demi-aveux et fausses confessions, voilà que ces deux hommes que tout avait séparé nouent amitié. Non, Marcellin n’a rien du délateur qu’on le suspecte d’être et il s’en explique à plusieurs reprises. Il n’est qu’une pauvre âme torturée, homme sans attache possible depuis la mort de son mentor politique et presque père. Et au plus fort de leur découverte mutuelle, arrive enfin l’aveu brûlant de qui est pour de vrai Marcellin. Il est un Enragé, dernier représentant de cette race exigeante de révolutionnaires intègres que les Montagnards tentèrent d’éradiquer.
Alors, puisque que Robespierre est mort, c’était hier, pensez donc, il n’y a plus rien à craindre pour Marcellin, redevenu libre d’aller et venir dans le tout Paris en liesse, ville rendue ivre des dernières violences politiques.
A présent qu’ils se sont trouvés, voilà que Marcellin et Léo ne peuvent plus se quitter. Et grand bien leur en fasse car trois vies vont être sauvées grâce à ce qu’ils se racontent.
Roman pour une amitié naissante, à la recherche d’une autre époque, nous égarant dans les folies d’une révolution, Le cœur transpercé est un texte magnifique d’espoirs et d’exigence.
Il s’agit de la cinquième parution de Grégory Vuibout aux éditions Myriel.