Hanté par les complexités de l’Histoire de France, persuadé que ce grand labyrinthe inavoué avait sa cohésion et ses logiques, Michelet consacra plus de six années de sa vie à l’étude de la révolution, évènement-matrice et surgissement-roi expliquant toute l’histoire de France récente, assurément.
À maintes reprises, il se montre on ne peut plus définitif sur l’importance que revêt l’évènement. Pour lui, la Révolution française, c’est tout à la fois un parachèvement et une rupture, là est sa nature toute paradoxale. Parler d’accident la concernant ne pourrait se comprendre qu’à la simple interrogation de ses formes et aucunement en réponse à l’étude de ses forces d’action, de cette somme d’énergie folle que la société française y déversa. Et Michelet de conclure de la façon la plus convaincante qui soit : la Révolution française, c’est la France d’aujourd’hui qui s’enfante et se précise (et ce qu’importe le moment à rebours duquel nous interrogeons les conséquences de l’évènement.)
Pas étonnant, dès lors, que Michelet consacra un soin extrême à nous restituer dans toute sa complexité la chute de Robespierre en Thermidor an II. Circonscrit sur une simple décade, son récit passionnant donne à voir le complexe écheveau des complicités ayant précipité la chute de l’Incorruptible. Au final, une conclusion manifeste et cruelle. Celle tenant tout entière dans les logiques cadençant l’implacable logique de cette tragédie à taille humaine. Complexe après ce que nous en démontre Michelet, d’admettre que Robespierre pouvait survivre à la terrifiante machine.
Ce récit de l’exécution politique d’un homme se lit comme un roman triste : celui des violences et cruautés que les hommes, parfois, pensent légitimes de s’infliger. Aucun historien venant à la suite de Michelet ne sut raconter avec autant de force et de précision cet épisode décisif de l’histoire de France.