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grande couv
Les origines de la république américaine
Louis Binaut, F. de Corcelle
Editeur: Editions Homme et Litterature
5,49 €

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S’il est au monde une grande nation qui ait besoin de se replier sur elle-même, et de sonder par la réflexion les périls de l’avenir cachés au fond des prospérités présentes c’est bien la république des États-Unis.

Ils s’étaient habitués à considérer leur république comme une création de l’intelligence, comme l’expression d’une théorie de liberté rationnelle et d’égalité morale conçue et réalisée par leurs ancêtres. On comprend en effet que, lorsqu’une nation se fonde dans une fermentation à la fois politique et religieuse, comme ce fut le cas des colonies américaines, formées par l’alliance du calvinisme avec l’élément communal et républicain de l’Angleterre, les deux causes s’unissent et s’entrelacent avec force par leur besoin mutuel et leur danger commun. L’état alors se formule volontiers, au milieu de ses premières épreuves, comme l’expression terrestre de l’église invisible. Plus tard, les orateurs, les prédicateurs et les panégyristes, parlant à la foule aux jours de fêtes et aux anniversaires nationaux, donnent, par un pur besoin oratoire, aux hommes du vieux temps des proportions surhumaines, et à leurs institutions les plus nécessaires et les plus naturelles des raisons idéales. De là un mélange de mythologie et de métaphysique où la politique et la religion se fondent en un brillant mensonge dans lequel le peuple se contemple ; de là, par une conséquence naturelle, l’idée d’une constitution théorique qui aurait été coulée d’un seul jet, et qu’on s’accoutume à expliquer par des principes abstraits, d’abord religieux, ensuite philosophiques, selon les temps et les hommes. Or telle a été longtemps en Amérique l’histoire des origines nationales, et ce n’est qu’en ces derniers temps que des recherches sérieuses ont dissipé cette poésie populaire.