Pour introduire ce vaste sujet, nous envisagerons d’abord la créativité et la psychiatrie. En temps de guerre, en temps de crise, l’humain réagit en ayant recours à la création. Dans L’écriture ou la vie, Jorge Semprun nous dit à quel point dans des expériences extrêmes le poème ou la musique sont vitaux... Partout et de tout temps, l’humain se sauve en créant. En psychiatrie aussi. Nombreux sont les patients qui dessinent, chantent, écrivent. Quant aux soignants, eux aussi sont créatifs. Dans un contexte de travail de plus en plus sous pression, ils résistent en cultivant leur désir au travail. Au plus proche de la crise du patient, dans ce cataclysme qu’est la maladie psychiatrique, les soignants trouvent des dispositifs, offrent une écoute et un dialogue pour être du côté de la vie. Parfois, dans certains services, préserver des temps de partage de café avec les patients est une manière créative de tisser des liens, pour ouvrir un processus relationnel de confiance dans lequel le soin va ensuite pouvoir être efficient. Pour un soignant donc, être créatif ce sera dépasser toutes les adversités – adversité des symptômes des patients, et adversité de certains protocoles contraignants de l’institution. Au jour le jour, être créatif, c’est pour les patients comme pour les soignants, être du côté des forces de la vie, réinventer cet art du quotidien, créer...