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grande couv
Cahiers Maria Szymanowska N°2. Les Talents en révolte
Collectif
Editeur: Société Maria Szymanowska
13,99 €

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Première compositrice-concertiste polonaise, adulée par son époque, Maria Szymanowska (1789-1831) est une personnalité charismatique. Actrice majeure des mutations esthétiques et musicales du premier grand tiers du XIXe siècle, elle aura vu sa vie se déployer dans une société secouée par la vague de fond révolutionnaire, bouillonnante de créativité et d’échanges, travaillée par toutes les contradictions qui ébranlent les mentalités et les déterminismes d’Ancien Régime.
Aussi son œuvre témoigne-t-elle d’une profonde modernité, marquée déjà par ce romantisme qui questionne l’intimité. Maria écrit pour jouer et être jouée mais aussi pour être comprise, interprétée. « Toute l’œuvre de Maria Szymanowska, écrivait la mezzo-soprano Elżbieta Zapolska, fondatrice de la Société Maria Szymanowska, est pour moi une chose fantastique, parce qu’elle est comme un cycle sans fin de miniatures qui exigent des interprètes une approche de recherche et de créativité, comme si la créatrice avait compté sur le fait que son expression serait complétée ».
Cette œuvre riche de vitalité et d’originalité, dans laquelle les musicologues voient déjà le style d’un certain Chopin, ne connaîtra pourtant pas la postérité qui aurait dû légitimement s’offrir à elle. Évincée de nos mémoires patrimoniales comme de nos héritages symboliques, la musique de Maria, si connue de son temps, est à redécouvrir.
On peut donc s’interroger à bon droit sur les processus d’effacement et d’invisibilité qui ont prioritairement affecté les femmes créatrices. Pourquoi cette historiographie patriarcale, qui biffe sans sourciller de la mémoire collective une part considérable de l’humanité créatrice, perdure-t-elle de nos jours avec autant de naturel, sans que sa légitimité en soit foncièrement ébranlée ?
Explorer l’œuvre de Maria Szymanowska et son devenir en postérité, c’est donc clairement interpeller ces impensés idéologiques et symboliques de notre vie sociale et culturelle qui reconduisent les représentations genrées et discriminatoires sans en avoir vraiment l’air… « Quand Nannerl [la sœur de Mozart] a eu quinze ans, elle a dû arrêter la musique pour se marier » peut-on lire, sans autre forme de procès ni commentaire, au détour d’un ouvrage récent de bonne vulgarisation musicale destinée à la jeunesse. Donner voix à Nannerl et à toutes les femmes créatrices, telle est l’une des vocations des Cahiers Maria Szymanowska.