« Le véritable voyage commençait. Jusqu’alors les fatigues l’avaient emporté sur les difficultés ; maintenant celles-ci allaient véritablement naître sous nos pas.
Je n’avais point encore plongé mon regard dans ce puits insondable où j’allais m’engouffrer. Le moment était venu. Je pouvais encore ou prendre mon parti de l’entreprise ou refuser de la tenter. Mais j’eus honte de reculer devant le chasseur. Hans acceptait si tranquillement l’aventure, avec une telle indifférence, une si parfaite insouciance de tout danger, que je rougis à l’idée d’être moins brave que lui. Seul, j’aurais entamé la série des grands arguments ; mais, en présence du guide, je me tus ; un de mes souvenirs s’envola vers ma jolie Virlandaise, et je m’approchai de la cheminée centrale.
J’ai dit qu’elle mesurait cent pieds de diamètre, ou trois cents pieds de tour. Je me penchai au-dessus d’un roc qui surplombait, et je regardai. Mes cheveux se hérissèrent. Le sentiment du vide s’empara de mon être. Je sentis le centre de gravité se déplacer en moi et le vertige monter à ma tête comme une ivresse. Rien de plus capiteux que cette attraction de l’abîme. J’allais tomber. Une main me retint. Celle de Hans. Décidément, je n’avais pas pris assez de « leçons de gouffre » à la Frelsers-Kirk de Copenhague.
Cependant, si peu que j’eusse hasardé mes regards dans ce puits, je m’étais rendu compte de sa conformation. Ses parois, presque à pic, présentaient cependant de nombreuses saillies qui devaient faciliter la descente ; mais si l’escalier ne manquait pas, la rampe faisait défaut. Une corde attachée à l’orifice aurait suffi pour nous soutenir, mais comment la détacher, lorsqu’on serait parvenu à son extrémité inférieure ? »
Voyage au centre de la Terre est au programme du Bac 2023.