L’idée d’Europe est, dans l’imaginaire occidental, associée aux Carolingiens et au plus illustre d’entre eux, Charlemagne. Leur histoire, qui s’échelonne de 741 à 987, est un cheminement à travers une mosaïque de royaumes avec l’intégration des diversités au sein de la chose publique menacée en permanence de dissolution. L’Europe des Charles est celle des marchés, des écoles, des églises, des villes et des villages tournés vers un idéal de salut et reposant sur une société fondée sur la subsidiarité. Cette construction est un défi intellectuel permanent où seule la force coercitive d’une personnalité inspirée par ce projet peut maintenir le mythe fondateur idéal de façon renouvelée.
C’est à travers des personnalités perspicaces, d’administrateurs zélés, de militaires, de missionnaires, de bâtisseurs et d’artistes que l’Europe prend consistance. L’immensité et la diversité du territoire en font une force mais aussi une faiblesse qu’il convient constamment de surveiller dans une démarche nécessitant adaptation, rapidité et effi cacité. Il fallait aux Carolingiens des moyens financiers et techniques dont ils ne disposaient pas pour conserver toute l’homogénéité nécessaire à l’oeuvre entreprise. C’est à l’approche de ces personnages de légende que nous nous livrerons ici.