Étudier l’actualité morale de Diderot vise à répondre à la demande d’une époque confrontée à une perte abyssale de valeurs, tant intellectuelles que religieuses ou politiques. Le concept de morale repousse et fascine à la fois nos générations, largement déchristianisées, privées des repères fournis naguère par les grandes idéologies et leurs mouvements politiques généreux. Comment concilier dès lors les notions de justice, d’égalité et de vivre-ensemble ? Comment répandre l’athéisme vertueux ? Diderot, comme Nietzsche plus tard, souhaitera la mise en place d’un art comme catéchisme du peuple. L’une des dernières réflexions du philosophe, dans Le Neveu de Rameau, n’est pas loin de substituer la contemplation du Beau à la pratique du Bien, et de placer l’art en valeur-refuge d’une société dévorée par la « soif de l’or ». Cela ne l’empêche pas de penser la politique en termes de morale, et d’observer en moraliste son contemporain, avec toujours à la bouche un scepticisme teinté de tolérance : « Est-il bon, est-il méchant ? » Ce colloque s’est tenu à Cerisy du 10 au 17 août 2020. Il fut l’occasion d’expérimenter les morales de Diderot non seulement en paroles mais aussi en actes, par des lectures publiques et des représentations théâtrales au château, ainsi que par un « rallye Diderot » dans le Cotentin.