La nation de France au sein de l'Université de Paris d'après le livre de ses procureurs, 1443-1456
Annie Talazac-Landaburu
Editeur: Presses Universitaires de France (Réédition Numérique Fenixx)
Pépinière de penseurs, d'hommes d'Eglise et d'hommes d'Etat, l'Université de Paris, dont la réputation et l'influence s'étendirent au Moyen Age à tout l'Occident chrétien, subit au milieu du quinzième siècle, comme toutes les institutions françaises, le contrecoup de la guerre de Cent ans.
Le caractère universaliste des origines explique la division de la Faculté des Arts en quatre nations regroupant des suppôts d'horizons très divers. C'est à la première d'entre elles, par le rang et par le nombre, que la présente étude est consacrée.
Elle s'est donné pour tâche d'analyser les rouages d'une corporation qui, certes autonome, se gouverne selon des principes établis par des statuts fort anciens, dispense des cours et délivre des grades, mais qui, membre de corps plus vastes à l'activité desquels elle participe — Faculté des Arts et Université — tisse des liens étroits avec le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel.
Ses archives révèlent au quinzième siècle une double sclérose : celle de ses institutions d'abord qui, démocratiques dans leur esprit, aboutissent à une oligarchie de fait ; celle de son enseignement ensuite dont le contenu et les méthodes ne se sont ni renouvelés ni enrichis depuis Abélard ; elles traduisent aussi son incapacité à procéder à sa propre réformation.
A travers les récits souvent pittoresques des procureurs de la Nation de France, on perçoit déjà le renforcement d'une autorité royale qui cherche à s'affirmer en contrôlant, avant de les assujettir, les grands corps privilégiés du royaume ; cette mainmise emporte pour l'Université deux conséquences inévitables : la nationalisation et la laïcisation du studium.