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grande couv
Les Antonins
Anne Fraisse
Editeur: ELLIPSES
21,99 €

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Les Antonins tiennent une place tout à fait à part dans la grande galerie des empereurs romains. Entre 96 et 192, ils régnèrent sur un empire à son apogée, élevé au rang de « siècle d'or », et bénéficient depuis l'Antiquité d'une réputation d'excellence dont peu de souverains peuvent s'enorgueillir. Encensés par la tradition historique, ils ont été célébrés pour leur pratique du pouvoir jugée exemplaire autant que pour leurs qualités d'hommes privés. Les sources décrivent des empereurs philanthropes et humanistes, acquis aux principes de la philosophie, consciencieux et modérés dans leurs fonctions de chefs d'État, grands connaisseurs du droit, épris de justice, soucieux du bien-être des populations. Étonnamment modernes, ils ont de quoi séduire et ne correspondent pas exactement à l'image communément associée aux empereurs romains – celle de despotes autocrates, cruels et arbitraires, à l'instar des fameux Julio-Claudiens, dont la légende noire reste tenace.

            Pourtant, ces empereurs régulièrement érigés en modèles, sont aujourd'hui presque inconnus du grand public. Leur règne mérite donc qu'on s'y attarde, d'autant qu'il correspond à un moment de bascule. Le « siècle d'or » ne vaut en réalité que pour les premiers d'entre eux. La dynastie s'achève sur Commode, qui gouverne en tyran et marque un retour à des heures sombres, annonciatrices du désenchantement à venir, mais l’évolution était déjà en germe sous Marc Aurèle. Le mythe même qui leur est attaché demande à être mis à l'épreuve des faits. Car si leur flatteuse réputation n'a manifestement pas été usurpée, la tradition historique, prompte à vanter leurs mérites, est restée plus discrète sur certains éléments susceptibles d'écorner leur renom. Par ailleurs, si l'ensemble de la dynastie a été figé dans une image d'excellence, chaque règne est assurément singulier et, par-delà les traits communs, présente des spécificités plus ou moins glorieuses. L'objet de ce livre est donc de revenir sur le détail de chacun, loin de toute idéalisation mais sans parti pris ni esprit de système. Il ne s'agira pas de déconstruire le mythe au mépris des faits, mais de tenter de cerner au plus près une réalité complexe, en tenant compte des derniers apports de l'historiographie.