Le saké est la boisson identitaire des Japonais, mais cette boisson alcoolique issue de la fermentation d’un mélange de riz et d’eau pure, dont la teneur en alcool est généralement comprise entre 12 et 17 degrés, est, en dehors de l’archipel nippon, encore très mal connue. Si peu connu que soit le véritable saké, souvent assimilé à tort à un alcool fort, il est toujours associé au Japon. Une association qui n’est pas si évidente car les Japonais ne sont pas les inventeurs de ces boissons de céréales fermentées qui existent encore aujourd’hui un peu partout dans l’Asie rizicole, de la Chine aux Philippines en passant par la péninsule Indochinoise. Si elles sont partout ailleurs des boissons peu consommées depuis longtemps et si leur fabrication est restée dans la plupart des cas encore très artisanale, au Japon, le saké représente une véritable institution nationale. C’est à cette exception historique et géographique que s’intéresse cet ouvrage en analysant sur le temps long les processus de construction d’une boisson identitaire et de territoires de qualité. Breuvage de civilisation, le saké, par ses paradoxes et ses contradictions dans un marché des boissons aujourd’hui mondialisé, est un excellent révélateur des pratiques alimentaires des Japonais et, au delà, de leur rapport au monde.