Sur le front des métropoles américaines, une formidable recomposition s’est opérée : les marges métropolitaines sont devenues le lieu privilégié de l’intégration sociale. Le discours dominant sur les suburbs des États-Unis fait néanmoins la part belle aux « lotissements à l’américaine » comme lieux de l’entre-soi, à l’hyper-ségrégation de périphéries opposées au centre, et à la monotonie d’espaces sans qualités. Pourtant, ces territoires sont construits, habités, pratiqués... Cet ouvrage analyse la production de la morphologie spatiale, fonctionnelle et sociale des espaces suburbains en Californie du Sud, sur les marges de la région urbaine de Los Angeles. L’offre, les acteurs de la construction et les dynamiques de ce marché sont analysés au prisme d’une double mutation : celle, d’une part, de la maturation et la diversification du modèle suburbain ; celle, plus brutale, de son modèle économique, révélé par l’ampleur de la crise des subprimes. L’évolution de ces territoires révèle les transformations d’une métropole étalée et fragmentée, où s’entremêlent logiques de la privatisation urbaine (les lotissements en copropriété, les gated communities), rouages de la finance et politiques publiques de maîtrise de la croissance et de la densification. Les logiques du changement métropolitain sont multiples : la production de l’espace bâti et les trajectoires des suburbs se tissent par la combinaison des cycles d’urbanisation (suburbs matures, suburbs récentes, exurbs), des cycles économiques et des évolutions socio-démographiques. L’ouvrage dresse ainsi le portrait d’une suburbia en crise(s), fragmentée, mais aussi mixte, dynamique et en profond renouvellement, tant d’un point de vue socio-économique que des groupes et appartenances communautaires.