Au lendemain de la Première Guerre mondiale s’exprime un besoin renouvelé d’expertise sur les relations internationales. En France, un très jeune historien, Pierre Renouvin, ancien combattant, engagé dans le débat avec ses homologues allemands sur les responsabilités de la guerre, se voit confier par les pouvoirs publics des fonctions institutionnelles qui lui permettent de bâtir les fondements d’un domaine universitaire, l’histoire des relations internationales, dont les racines européennes puisent dans l’ancienne histoire des traités et dans l’histoire diplomatique. Son effort est poursuivi par Jean-Baptiste Duroselle, qui débute sa carrière universitaire à l’université de la Sarre, en 1950, dans un contexte politique particulier, avant de lui succéder à la Sorbonne en 1964. Bénéficiant de l’accès à des archives inédites des deux historiens, les contributions rassemblées dans ce livre proposent, au travers de plans de coupe de leur vie professionnelle, des vues nouvelles sur la structuration du domaine, tant en France que dans des pays limitrophes (Belgique, Suisse, Italie, Espagne, Royaume-Uni), dans un dialogue fécond avec les chercheurs établis aux États-Unis. Les années 1950 ont été une décennie cruciale dans l’affermissement de l’identité de la discipline historique face à la discipline sœur de la science politique, favorisant le mûrissement de ses concepts clés. Dans une perspective comparée, le livre permet aussi de réfléchir à son essor discontinu dans d’autres pays d’Europe et au Proche-Orient.