Comme leurs homologues français, les médecins allemands du xviiie siècle, détenteurs de savoirs essentiellement livresques, ne sont pas reconnus comme experts de la maladie et de la santé et sont concurrencés par de nombreux autres soignants, légaux ou illégaux. Afin d'améliorer leur efficacité thérapeutique, les universités les plus progressistes mettent en place, à partir de la seconde moitié du siècle, un enseignement pratique de la médecine qui se traduit par la création d'hôpitaux à triple vocation : pédagogique, scientifique et médicale. Ce livre montre que le développement de ce que l'on peut d'ores et déjà appeler le secteur hospitalo-universitaire répond à l'émergence, dans les couches inférieures de la population, d'une demande de santé relayée par les élites éclairées, les municipalités et l'État dans le cadre d'une politique de plus en plus ambitieuse de lutte contre la pauvreté.