« Il en faut tout de même du culot pour intituler un ouvrage “la ville pas chiante”.
Les auteurs auraient pu choisir un vocabulaire plus onctueux, leur éditeur les
inciter à plus de modération. Parler d’aimables cités aurait été plus convenable.
Et convenu. Car ces mots bienveillants, qui ne fâchent personne, sont désormais les grands poncifs du marketing territorial. À force de novlangue, le dit de l’urbain en perd ses directions, ses objectifs jusqu’à en devenir inefficace. Pour avoir souvent entendu que “l’urbanisme c’est barbant, personne n’y comprend rien”, on se dit qu’il faut cesser de jargonner gouvernance, coélaboration, smart cities, mixité fonctionnelle ou renforcement de la cohésion sociale. Ça ne peut pas faire de mal d’y aller franco ! Faire la ville pas chiante et y intéresser les habitants, c’est peutêtre commencer par arrêter les discours emmerdants.
Mais il faut être plus culotté encore pour penser, comme les auteurs de cet ouvrage, que cette ville-là est possible. Que des métropoles aux communes de la ruralité, le paysage urbain peut être plaisant, rigolo, beau, historique, inventif, surprenant, ordonné, foutraque, praticable, confortable, animé, ouvert, serein, sûr... Toujours divers, jamais ennuyeux. En ces temps de pandémie où la tentation est devenue forte d’aller chercher ailleurs de l’herbe que l’on suppose plus verte, il est urgent d’apporter la preuve qu’on peut la fabriquer, cette ville riante, éthique et durable.
Une utopie urbaine qui n’en est pas une, ainsi que le démontrent les 10 points
déclinés dans ce livre pas ordinaire. » Marie-Douce Albert, journaliste