Quand il rencontre André Gide en 1929, Pierre Herbart a 26 ans. Le jeune homme intègre rapidement le cercle de ses intimes. Gide apporte son soutien à l’auteur en devenir et joue de son influence auprès de Gallimard pour obtenir la publication de son premier roman. Il lui présente en outre Élisabeth Van Rysselberghe, avec qui il a lui-même eu une fille. Pierre et Élisabeth se marient peu après. Si André Gide est un interlocuteur occasionnel de Pierre Herbart, Élisabeth Van Rysselberghe reste sa destinataire privilégiée. Malgré l’absence des lettres de celle-ci, il en ressort une correspondance mêlant l’intimité et les difficultés du couple au panorama des grands bouleversements dont Herbart est témoin durant ses voyages journalistiques : en Indochine et en Mandchourie lors de l’invasion japonaise, en URSS, où ses convictions communistes se confrontent à leurs applications, ou en Afrique française, où s’expriment ses certitudes anticoloniales. Durant plus de vingt ans de production épistolaire, Pierre Herbart présente une personnalité anxieuse et tourmentée, radicale et entière, fondamentalement fragile. Par son engagement résolu dans la Résistance et dans le journalisme militant, il révèle une authentique figure d’écrivain-aventurier, proche de celle d’un Malraux, mais plus soucieuse de liberté que de gloire.