De L’île au trésor à Fanfan la tulipe, en passant par Le dernier des Mohicans, le XVIIIe siècle a servi de cadre à bon nombre de fictions littéraires et cinématographiques. La bande dessinée n’est pas en reste, en adaptant ces grands classiques ou en créant ses propres héros : Oumpah-Pah de Goscinny et Uderzo, Les Passagers du Vent de François Bourgeon, Giacomo C. de Dufaux et Griffo, L’Épervier de Patrice Pellerin, le Scorpion de Desberg et Marini, pour ne citer que les plus connus, vivent de folles aventures sur fond d’intrigues de cour, de guerres « en dentelles » et de révolutions. Écrit par un collectif d’historiens, cet ouvrage explique comment cette période a pu inspirer scénaristes et dessinateurs du monde entier. Les « bonnes histoires » du roman populaire du XIXe siècle restent bien sûr une source d’inspiration indémodable, avec leur lot de pirates, de justiciers masqués et de contrebandiers, mais chaque auteur invente également son propre Siècle des Lumières, conforme aux attentes de son lectorat. Il y a le XVIIIe siècle misérabiliste de la bande dessinée militante, le xviiie siècle pieux de la bande dessinée catholique ou le XVIIIe siècle lubrique de la bande dessinée de charme. Cependant, depuis les années 1980, les stéréotypes classiques ne cessent d’être revisités par des auteurs désireux de détourner les codes habituels du genre : les séducteurs libertins se font plus mélancoliques, les personnages féminins sortent du cliché habituel de la marquise délurée ou de la paysanne exploitée, tandis que le surnaturel subvertit de plus en plus le traditionnel rationalisme des Lumières.