« Absolu » n’est peut-être pas le dernier mot d’un discours qui se refuserait d’aller plus loin, ni le terme ultime d’une pensée hésitant à prolonger son audace spéculative. L’originalité de l’œuvre de Claude Bruaire (1932-1986) est d’avoir résolument entrepris l’approfondissement philosophique du concept d’absolu. Si « Dieu est celui avec lequel on n’en finit pas », c’est d’abord parce qu’il libère une puissance d’affirmation que la rationalité, dès lors, s’efforce de recueillir – en cette épiphanie, à la suscitation de la Révélation même, la tâche est infinie. Sur le chemin de cet approfondissement, le présent ouvrage montre que la catégorie de « liberté », décisive, est la pièce maîtresse du dispositif bruairien : « Si l’absolu n’est pas absolument libre, alors il n’est pas absolument absolu, donc pas absolu ». Mais peut-on dire de Dieu qu’il est libre sans questionner la liberté propre à l’homme ? Entre l’absolue liberté de l’absolu et la difficile liberté de l’homme, laquelle a la priorité ? Quelle est ici la structure du concept de liberté, et quelle en est la logique interne, pour qu’un même nom convienne et à l’homme et à l’absolu ? Au long de son œuvre aussi audacieuse qu’exigeante, l’enseignement de Bruaire est constant : renouveler l’affirmation de Dieu, c’est penser la liberté de l’homme, au point de mesurer combien la liberté de l’homme est donnée à elle-même.