Cet ouvrage permet de se réjouir du différend entre poésie et philosophie, puisque celui-ci apparaît comme la condition d’une rencontre fructueuse, dans laquelle poète et philosophe semblent s’adresser l’un à l’autre dans une langue étrange et familière ou, tout simplement, chacun dans leur langue. Qu’y a-t-il de philosophique dans la poésie ? En quoi poésie et philosophie sont-elles apparentées ? Il est sans doute plus sage d’éviter des réponses trop générales, puisque les rencontres entre poésie et philosophie sont toujours et essentiellement incarnées par des auteurs et des situations historiques : il ne peut y avoir de rencontre abstraite, en particulier entre deux disciplines si complexes, dont la définition semble être un défi inséparable de leur pratique même, de leur renouvellement ou de leurs crises. Ni l’une ni l’autre ne se laisse enfermer dans une forme : Quevedo et Descartes n’ont-ils pas tous deux critiqué la dialectique, à un moment où l’esprit cherchait à s’affranchir des règles ? L’essentiel est de voir, dans le domaine hispanique contemporain, ce qui dans la poésie a pu intéresser la philosophie, ou ce qui dans la poésie peut aider le philosophe, et réciproquement. Faut-il attendre de la philosophie, qui peut tout définir, une définition de la poésie ?