Dès l’origine, le droit du travail a pris en compte le « statut familial » du salarié en organisant une protection de sa « vie parentale ». Cette finalité anime toujours une part substantielle des normes sociales (droits liés à la maternité, la paternité, à la maladie, à l’éducation des enfants...). Elle a été prolongée par la protection de la « vie conjugale » via l’octroi de droits (mariage, décès du conjoint...) et, paradoxalement, de l’interdiction de l’immixtion de l’employeur. Par ailleurs, loin d’être en arrière-plan, la dimension « familiale » peut se retrouver au coeur de relations particulières de travail (travail à domicile, contrat de couples, aide familiale...).
Quelles sont aujourd’hui les questions sensibles marquant les rapports entre droit de la relation individuelle de travail et fait familial ? Le présent ouvrage les aborde au prisme des droits de pays méditerranéens, évoluant sous l’influence de l’Union européenne (Espagne, France, Grèce, Italie), ou de celle, diverse, du droit musulman, de modèles issus de la colonisation (Algérie, Maroc, Tunisie) ou importés (Turquie). La réalité de la salarisation des femmes constitue une variable explicative majeure de l’actualité ou de la marginalité des débats sur les « relations individuelles de travail et fait familial ». Par-delà les discours en vogue en Europe sur la conciliation des vies professionnelle et privée, la centralité du travail paraît partout s’imposer, renvoyant le « fait familial » à la sphère privée.