Cet ouvrage met en perspective les grandes étapes de l’évolution qui a conduit des gazettes de l’Ancien Régime à la presse d’opinion de la Révolution et du premier XIXe siècle, puis aux médias de masse de la grande presse d’information des années 1880-1930. Après la Libération (1944) et ses suites, les presse quotidienne et magazine vécurent vingt années faciles (1953-1972), suivies de cinquante années plus incertaines, voire difficiles (1973-2022). Au XIXe siècle, l’élargissement constant du lectorat et la confrontation du quatrième pouvoir avec la Royauté, l’Empire puis la République ont transformé la dimension politique de la presse, qui a changé et dans sa forme – périodicité, format, mise en page – et dans son contenu, instaurant la spécificité française de l'imbrication entre faits et commentaire. Son évolution matérielle a été le fruit des innovations techniques et industrielles (impression, transports, télécommunications) et de la rente financière apportée par le développement de la publicité.
Cet ancien équilibre entre lectorat de masse et production industrielle de journaux « millionnaires », que les entreprises de presse et leurs journalistes avaient cru revivre dans les « vingt glorieuses » 1953-1972 (malgré les remises en question des années 1920-1930), est depuis les années 1970 complètement bouleversé par un reflux paraissant sans fin du nombre des lecteurs, alors qu’il a fallu procéder à grands frais à la modernisation des moyens d’impression, puis affronter désormais la concurrence de nouveaux procédés numériques d’information. Au début des années 2020, et face au web, la presse « imprimée » a-t-elle gardé toute sa légitimité pour guider ses publics dans le foisonnement de l’actualité, donner du sens aux événements, les faire mieux comprendre ?
Agrégé d’histoire, docteur d’État ès lettres, Gilles Feyel est professeur émérite des Universités. Pendant plus de vingt ans, il a enseigné l’Histoire des médias à l’Institut français de presse (IFP) de l’Université Panthéon-Assas (Paris II), en nourrissant ses cours de ses recherches sur les médias et le journalisme français.