Si Nicholas Kaldor n’est pas un théoricien de l’innovation à proprement parler, ses travaux sur la croissance économique n’en sont pas pour autant moins notables pour l’étude de l’innovation, tant au niveau théorique que méthodologique. Ainsi, Kaldor est l’un des premiers à laisser une place croissante aux faits, à l’histoire et à une démarche inductive, démarche méthodologique étant depuis largement adoptée dans les travaux portant sur l’innovation. Du point de vue théorique, avec l’introduction de sa « fonction de progrès technique » dès la fin des années 1950 et le développement de sa théorie de la « croissance cumulative » à partir de la deuxième moitié des années 1960, Kaldor propose une approche où le changement technique, au-delà des seules innovations, n’est plus un facteur exogène et où la croissance est auto-entretenue. Les travaux de Kaldor mettent en lumière les mécanismes qui seront au cœur de la théorie de la croissance endogène, mais près d’un quart de siècle avant l’avènement de cette dernière.