On a beaucoup écrit sur l’art... même et surtout ceux qui n’y entendent rien.
Qu’est-ce donc exactement que l’art ? Et qu’est-ce que le métier ? Je voudrais essayer ici de l’expliquer avec ces preuves de sentiment en quelque sorte, tout intimes, presque intérieures, qu’on devine plus souvent qu’on ne les voit, dans tous les arts, dans tous les métiers...
Il me semble souvent, quand je tente d’embrasser de haut toute l’histoire de l’art, comme on contemple du haut d’une colline tout le pays qu’on aime, que, — du premier-né des arts, l’architecture, qui peut et qui doit les contenir tous, jusqu’au dernier venu, la musique, qui est comme l’efflorescence de tous les autres, le parfum délicieux, plus subtil et plus fugitif, qui se dégage, après la longue incubation des siècles, de la pensée humaine, — tout se suit et s’enchaîne, dans un ordre parfait, le long de la route des peuples, chacun ayant l’art qu’il lui fallait, chaque race produisant une forme artistique qui était l’exacte expression de sa vie matérielle et morale, le corollaire de ses croyances, presque la conséquence nécessaire de son climat. On a dit spirituellement qu’un peintre n’a jamais que la couleur qu’il mérite. On pourrait dire aussi justement des peuples qu’ils n’ont eu que l’art qu’ils méritaient, grand ou médiocre, à proportion de leur degré d’idéal, presque toujours à proportion de la beauté de leurs religions.
Il suffit, en vérité, de refaire par la pensée ce chemin des arts dans l’histoire, de considérer l’essence de chacune des formes d’art et son charme propre, pour être frappé de la ressemblance évidente entre leur cours depuis leurs origines jusqu’à leur décadence, et l’histoire d’une existence humaine.