Le principal objet du voyage qu’on va lire a été d’aller appliquer la méthode de Champollion et étendre sa découverte, d’aller étudier les principaux monuments de l’Égypte et de la Nubie à la lueur de ce flambeau éteint depuis quinze siècles qu’il a rallumé pour le monde...
Vous avez vu se dérouler l’existence égyptienne tout entière. Maintenant dans les tombes, surtout dans les tombes royales, sur les parois des sarcophages, sur les caisses des momies, sur les papyrus ensevelis avec elles, une autre série de peintures plus considérables, plus variées, d’une variété, d’une richesse infinie, vont vous offrir l’histoire de l’âme après la mort, les épreuves qu’elle traverse, les jugements qu’elle subit, toutes les aventures enfin de cette pérégrination à travers des régions inconnues, à travers les étangs de feu et les champs destinés aux âmes heureuses, au milieu d’une foule innombrable de génies et de divinités funèbres. Ainsi la vie présente et la vie à venir, notre monde et l’autre, tout ce que les Égyptiens connaissaient de celui-ci et imaginaient de celui-là a été représenté mille fois par eux, et ces représentations subsistent. L’ancienne Égypte peut donc se retrouver dans ses ruines, nous parlant un double langage, complétant les représentations figurées par les inscriptions hiéroglyphiques, expliquant les inscriptions par le spectacle des objets qu’elles accompagnent, des scènes qu’elles traduisent.