Sylviculture d'écosystème
Marie-Stella DUCHIRON
Editeur: EDP Sciences
L’histoire forestière est une succession de modes sylvicoles aux origines à la fois financières, techniques et politiques, mais malheureusement trop peu souvent scientifiques. Il y a une trentaine d’années, apparaissait en France une nouvelle sylviculture dite « proche de la nature » ou « irrégulière et mélangée », venue des pays germaniques et des Carpates. Elle suscita des discussions animées entre forestiers et des initiatives variées sur le terrain. Les grandes tempêtes de 1999 jouèrent ensuite un rôle favorable dans l’avancée de cette réflexion sylvicole. Ce livre dresse un premier bilan des réalisations sylvicoles « proches de la nature », principalement à l’échelle européenne. S’appuyant sur les définitions scientifiques et les résultats de la Recherche forestière en matière de fonctionnement des écosystèmes des forêts anciennes à forte naturalité, l’auteur, Marie-Stella DUCHIRON, analyse les résultats de terrain d’une sylviculture « en futaie irrégulière » au bout de trente ans. Les constats sont sans équivoque : les exemples de réalisations de terrain ont glissé d’une bonne intention de départ vers une réalité de futaie très claire, à couvert discontinu et à structure verticale quasi régulière. Les forêts concernées encourent des risques écologiques importants, surtout à une époque d’épisodes sévères de modifications climatiques – sécheresses, températures extrêmes – et d’incendies forestiers... Finalement ce sont des risques économiques que doivent supporter les propriétaires forestiers. Face à tous ces aléas, il n’y a qu’une solution : imiter les forêts anciennes à haute naturalité et fondre sa sylviculture dans une nature sauvage. Seule la sylviculture d’écosystème, ou sylviculture sauvage, peut préserver les écosystèmes forestiers. Elle respecte et favorise une forte densité naturelle des arbres, une structure verticale étagée et le maintien d’arbres de très gros diamètres qui forment la charpente de la forêt, et intègre la grande faune dont le rôle écologique n’est plus à démontrer. La fonction économique est ainsi assurée au propriétaire forestier, pour le long terme.