On sait que Stendhal fut un fervent lecteur de Mémoires. Le rôle joué par ces lectures dans la constitution de son œuvre n’avait guère fait, pourtant, l’objet d’études approfondies. Cette question, ici, est au cœur de l’ouvrage, qui donne à mesurer son ampleur. La fascination de Stendhal pour les Mémoires est replacée dans le contexte de l’époque : ce genre, qui connaît un essor particulier sous la Restauration, influence à la fois historiens et romanciers, dans leurs tentatives concurrentes, mais aussi leurs efforts communs pour écrire l’Histoire de leur temps. L’importance, pour l’élaboration de l’esthétique stendhalienne, de cette relation à l’écriture mémorialiste est saisie selon une triple perspective : le livre mène d’abord l’analyse de la réception critique des Mémoires par Stendhal et des leçons qu’il en tire, puis fait apparaître le lien entre ses écrits biographiques et autobiographiques et les Mémoires postrévolutionnaires et bonapartistes, et enfin étudie, à travers l’exemple du Rouge et le Noir, comment le roman stendhalien travaille le matériau fourni par les Mémoires.