C'est le Professeur Y. Lequin qui eut, en 1976, l'idée de ce travail sur les hopitaux. La date n'est pas indifférente puisque cette année vit la parution du Surveiller et punir de Michel Foucault. Il était tentant pour les historiens, tout à la fois séduits et irrités par l'ouvrage, de vérifier concrètement certaines hypothèses exposées. Par leur importance et la richesse considérable de leurs archives, les Hospices Civils de Lyon fournissaient un exemple idéal pour ce genre de travail. Celui-ci fut d'abord entrepris dans cette optique, mais les recherches firent apparaître bien d'autres centres d'intérêt. [...] On ne trouvera pas ici une étude exhaustive des Hospices Civils de Lyon dans la première moitié du XIXe siècle, mais un exemple des relations qu'entretiennent l'hôpital et la société. Pour mieux en rendre compte on a choisi de miser sur le concret, de laisser la parole aux témoins, à tous les témoins, même les plus obscurs, de préférer le fonctionnement réel aux règlements. Les sources hospitalières, et en particulier l'impressionnant courrier, ont seuls permis le respect de cette règle. Se dépouiller des schémas de pensée contemporains est le premier devoir de l'historien. Comme l'hôpital du XIXe siècle est bien loin du nôtre, on s'est souvent abstenu de donner une vision trop exclusivement statistique de ce monde foisonnant dont la rationalité n'est pas la caractéristique première. On s'est efforcé de regarder hors de l'hôpital, de jeter quelque éclairage sur les diverses conceptions de l'assistance et de la santé, de confronter les archives hospitalières et d'autres sources d'archives publiques, car l'hôpital est finalement tout autre chose qu'un monde clos.