Associant la connaissance subjective de son département d’origine à la connaissance objective de l’enseignant-chercheur universitaire, l’auteur nous fait découvrir avec bonheur le cheminement de la députation ligérienne durant la période que dessine formellement la IIIe République. Il s’attache particulièrement à caractériser, souvent à l’aide d’esquisses biographiques, les représentations qui sont celles de la noblesse « restitutionniste ». Entendons par là : un groupe dominant dans la sphère politique de la ruralité catholique nantaise, qui ne vise pas seulement à restaurer l’institution monarchique, mais plus généralement et de plus en plus intensément, à faire partager ses propres valeurs. Le présent ouvrage, scientifique et néanmoins fort lisible, devrait contribuer à la clarification, à la « compréhension » du destin de l’ordre social nobiliaire auquel s’est aujourd’hui substitué celui de la classe notabiliaire. C’est une manière originale d’avancer dans le questionnement de ce qui n’est souvent qu’une pré-notion : la modernisation. L’auteur continue d’explorer cette problématique selon laquelle la noblesse, trop vite réduite à son caractère réactionnaire, peut encore actuellement, sur de nombreux points, contrebalancer la perte d’un pouvoir socio-politique très repérable par une influence socio-culturelle moins aisément observable.