Pour comprendre le poids de l’éducation en France dans son rapport avec la société, il faut mettre au centre des évolutions les enseignants qui forment un groupe hétérogène, perméable aux idéologies. Par leurs associations, ils participent aux luttes et aux mouvements d’opinions qui traversent la société française. Avec leur élargissement progressif, conséquence de « l’explosion scolaire », après la Deuxième Guerre mondiale, ils font des choix politiques, transmettent les valeurs fondamentales du régime dominant tout en conservant leurs distances par rapport aux pouvoirs. Au-delà des aspects de l’activité syndicale, sans laquelle le monde enseignant ne peut se comprendre, ce livre ouvre le champ de la réflexion par des approches politiques ou économiques. Les attitudes pédagogiques, les préoccupations corporatives expliquent aussi l’acquisition de particularités collectives fortes dans des milieux divers. Les analyses historiques, sociologiques ou inspirées par la politologie donnent une image plurielle de ce groupe social qui ne se résume pas aux caractères contrastés des « maîtres d’école » ou des « profs ». La diversité s’accompagne d’une grande communauté de comportements, résultats de la rencontre avec des demandes collectives, des orientations politiques ou des bouleversements affectant toute la sphère sociale.