Edmond Bartissol (1841-1916) va passer, en moins de vingt ans, du statut de petit employé à celui de grand chef d’entreprise. Après avoir participé au chantier du percement du canal de Suez, il obtient à partir de 1880 de grands marchés de travaux publics : lignes de chemin de fer en Espagne et au Portugal, construction des ports de Leixoès, Salonique et de Recife, tunnel du Transpyrénéen. Cette stratégie internationale n’excluait pas la recherche d’un enracinement local, comme l’attestent ses achats de grands domaines en Languedoc et Roussillon, ses investissements dans le vignoble de Banyuls, ses choix immobiliers (cité Bartissol) et surtout sa carrière à éclipses de parlementaire. Les multiples entreprises qu’Edmond Bartissol a impulsées et dirigées étaient pour la plupart gérées sous la forme de sociétés anonymes. La circulation des hommes, de l’outil de production et des capitaux entre ces différents pôles généra une entité économique informelle et mouvante qui ne fut jamais fédérée financièrement par une société mère. Ce mode de gestion déconnecté des grands groupes industriels et financiers trouvera ses limites à partir de 1910. Cet ouvrage retrace ainsi l’étonnant parcours d’un capitaine d’industrie autodidacte, aujourd’hui méconnu, qui fut l’un des principaux entrepreneurs de travaux publics du XIXe siècle, au même titre que Gustave Eiffel ou Hildevert Hersent.