Quelles chances de prendre le pouvoir avait les petit Parti communiste yougoslave, au moment du déclenchement des hostilités par l’Axe le 6 avril 1941, contre le royaume de Yougoslavie ? Antoine Sidoti se propose de faire la lumière sur la rivalité sanglante entre les deux mouvements de résistance armée dans la Yougoslavie de 1941-1945 : le mouvement des partisans (communistes et non-communistes conduits par Tito), et les tchetniks (monarchistes commandés par Mihailovic). Après sa prise de pouvoir, Tito fera fusiller son rival, le 17 juillet 1946. La documentation militaire, politique et diplomatique italienne des années de guerre, proposée par l’auteur, donne une dimension nouvelle à l’essor du mouvement des partisans, favorisé en cela par la politique ustaša de « croatisation » de l’État indépendant de Croatie, institué le 10 avril 1941. Par ailleurs, pour la première fois en France, le corpus idéologique de base des deux mouvements de libération yougoslave est présenté de manière aussi développée. L’expression du pouvoir prend parfois des formes imprévues ou sous-estimées par les études traditionnelles : en l’occurrence, Antoine Sidoti présente un certain nombre de documents et analyse l’iconographie de figurines postales émises tantôt par l’autorité yougoslave en exil, tantôt par Mihailovic sur le sol même de la Yougoslavie ; il révèle également la tentative effectuée par le mouvement des partisans d’émettre sa propre figurine révolutionnaire, restée inachevée. Par les textes et par l’image, l’auteur nous introduit dans les mécanismes de la naissance et de l’institutionnalisation du mythe de la « guerre de libération nationale » du mouvement des partisans et du « triple héros national » Tito, processus global que l’auteur appelle mythogenèse. Sa démarche est inédite.