Lire le nourrisson - 1001BB 188
Claire De Vriendt-goldman
Editeur: Eres
Le Brazelton, outil de choix pour permettre l’évaluation fine et précise des comportements du bébé, se situe dans un champ phénoménologique. Il met en évidence les compétences, capacités, vulnérabilités et déficits du bébé. La passation suscite chez les parents des sensations ou affects, des fantasmes ou des angoisses issues du passé, éléments sensibles et imprévisibles qui entrent en jeu durant la scène de l’observation standardisée du nourrisson.
L’examinateur n’a pas comme seule tâche de récolter des informations, comme c’est le cas lors d’un examen clinique mené dans un cadre médical. Il est aussi objet de transfert du bébé et de ses parents et il est lui-même sujet à de sensations, des émotions et des représentations, conscientes et inconscientes, en lien avec la situation d’évaluation.
La particularité des illustrations théorico-cliniques présentées tient ainsi à l’utilisation mixte des données comportementales du bébé et des projections psychiques parentales, dans un écrin défini et rigoureux. Celui-ci permet à des associations libres de circuler, à des liens de se défaire et se faire, à de nouvelles modalités de sens de germer dans le travail d’après-coup avec les parents. L’intervention précoce saisit les signes lus chez le bébé, les fait entrer en résonance avec le discours et les affects des parents, donnant un accès privilégié à la qualité des liens qui s’installent entre eux.
La mise en évidence des caractéristiques spécifiques du bébé et le souci d’une valorisation narcissique de la fonction parentale sont à l’avant-plan des récits cliniques. L’accent est aussi mis sur l’importance « du détail » à repérer dans l’observation-évaluation du nourrisson car il est l’indice – parfois très discret – d’un trouble relationnel précoce, d’une charge psychique parentale trop massive sur le bébé, d’une psychopathologie parentale qui déforme et dévoie les réponses du bébé. C’est ainsi l’occasion de repérer le trouble, de le recevoir sans le dénier ni le craindre, et d’y remédier rapidement.