Une philosophie des sciences est-elle possible aujourd'hui ? La tendance dominante vise à la fonder sur une analyse des pouvoirs de l'esprit dont la notion centrale est celle de représentation. Il y a convergence sur ce point des théories psychologiques de la cognition et de la vision formaliste d'une pensée mécanisée. Mais l'étude des présupposés de ces positions suggère qu'elles imposent trop rapidement des limites à la pensée qui oeuvre dans les sciences. Cet ouvrage entend donc leur opposer des analyses portant sur les différentes formes symboliques qui structurent la pensée scientifique : nombres, formules, figures... De telles formes, inséparables d'une généalogie complexe, impliquent une pluralité de fonctions irréductibles à l'unité élémentaire de la représentation. L'efficacité de ces régimes sémiotiques serait donc indissociable d'une série d'actes de compréhension. La philosophie des sciences en deviendrait une herméneutique de la pensée (et des impensés) des sciences.