« Au fond, aujourd’hui, l’humanité se retrouve dans la même course que la Reine Rouge dans le roman de Lewis Carrol. À la question d’Alice : “Mais Reine Rouge, nous courons vite et le paysage autour de nous ne change pas ?”, celle-ci répond : “Nous courons pour rester à la même place...” Cette fable qui peut paraître loufoque illustre parfaitement le propos de mon livre : nous devons évoluer pour ne pas disparaître. Sortir de l’inertie pour nous revitaliser.
Nombreux sont sans doute ceux qui, parmi vous, veulent mener un combat contre le monde d’avant, pour mieux jeter les fondations du monde d’après. Honorable intention, mais c’est à mes yeux un grand gaspillage d’énergie. À l’heure actuelle, le seul combat à mener est celui contre nous-mêmes si nous voulons pouvoir passer à l’étape d’après. Comment envisager en effet de changer quoi que ce soit sans d’abord nous occuper de nous ? Ce sont les bases qui ont fondé notre vie qui actuellement se dissolvent, ce sont nos structures de pensées qui sont en train de s’effondrer. Mais nous l’avons oublié parce que nous sommes trop affairés à regarder à l’extérieur de nous... Nous nous devons de regarder droit dans les yeux notre propre effondrement avant de regarder celui de la biodiversité, de la biomasse ou de l’économie. »
Photo couverture : L’espoir, de Gustav Klimt, MoMA, New York. © Jean-Pierre Dalbér.