Attacher une personne à un lit n’a jamais été et ne sera jamais thérapeutique. Moins de relations humaines, c’est plus de sangles et de contraintes. Contention du corps social par l’imaginaire sécuritaire. Contention des soins par des pratiques sans âmes. Contention du langage par des euphémisations, des renversements des mots et du sens. Contentions financière et législative adaptées au corsetage néolibéral. Rompre le silence autour de la contention est une nécessité pour ne plus laisser le sadisme ordinaire et les abus s’instituer au grand jour comme si de rien n’était. Abolir la contention est une première brèche dans le système contentionnaire. Il est possible de ne pas attacher, de faire autrement, collectivement, que ce soit au niveau des pratiques que dans la société. Mathieu Bellahsen est psychiatre. Il a travaillé pendant quinze ans à l’hôpital public. Lanceur d’alerte sur les conditions illégales d’enfermement dans son établissement pendant le premier confinement, il a fait l’objet d’une répression administrative féroce. Il exerce actuellement dans le secteur associatif. Il est l’auteur de La Santé mentale, La Fabrique, 2014 et coauteur de La Révolte de la psychiatrie. Les ripostes à la catastrophe gestionnaire, La Découverte, 2020.