Loin d'une histoire des sciences idéaliste et positiviste, cet ouvrage réinscrit la production des connaissances dans l'épaisseur des interactions sociales qu'elle suscite, en questionnant les multiples liens entre savoirs et conflits. Du XVIe au XIXe siècle, en Europe et dans ses colonies, les sciences et les techniques ont connu de profonds bouleversements, marqués, entre autres, par l'essor d'une culture scientifique expérimentale, la création d'institutions dédiées à la production des connaissances et l'émergence de nouvelles figures de savants. Or, ces transformations ne se sont pas réalisées sans heurts, qu'il s'agisse des controverses qu'elles ont pu susciter, ou de leur intégration à des conflits plus larges qui traversaient alors les structures sociales. De l'expansion coloniale aux guerres révolutionnaires, en passant par les affrontements politiques suscités par les changements socio-économiques, ces sociétés sont traversées par des phénomènes violents et conflictuels, auxquels différents savoirs ont pris toute leur part. À travers plusieurs cas d'étude, l'ouvrage explore l'articulation étroite qui lie la production scientifique et les situations conflictuelles dans les sociétés européennes et coloniales du début de l'époque moderne à l'âge industriel.