Pour un psychanalyste, la parabole à propos de Yonah évoque le récit d'une cure, c'est-à-dire la modification réussie d'une subjectivité, et donne même quelques indices cliniques concernant Yonah. Par décision de méthode, je délaisserai l'étude de l'aspect historique, à savoir que son histoire se déroule peut-être à l'époque du roi Jéroboam II, période où Ninvéh (Ninive) représente la grande puissance. Je laisserai de même la question du prosélytisme religieux et celle du lien entre christianisme et judaïsme. Je restreindrai cette étude à la seule compréhension de l'expérience subjective de Yonah, que la tradition hébraïque et juive conçoit comme un processus de transformation de l'âme à travers un processus de séparation de ses différentes parties. L'épistémologie de la pensée juive nomme le déroulement d'une telle expérience mystique. Cette séparation interne des différentes composantes de l'âme établit un lien entre la sagesse, « hokhmâ », « nnon », et l'intelligence, « binah », « ru1 »!, afin d'acquérir du savoir intime, « da'at », « rivi », plutôt qu'une foi. C'est là le fil directeur que je suivrai pour comparer expérience hébraïque antique du salut et expérience moderne de la psychanalyse.