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grande couv
Jean-Marc Ela : Une éthique de la transgression
Collectif
Editeur: Karthala
20,99 €

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Est-il possible que le Christ soit nostalgique de son séjour terrestre malgré sa « fin » tragique ? Cette hypothèse d’un poème de Jorge Luis Borges aurait probablement plu à Jean-Marc Ela dont le parcours sacrificiel s’est achevé en 2008 dans la douleur de l’exil et le silence grisâtre de l’hiver canadien. Théologien insoumis, sociologue incandescent et penseur transversal, Ela a mené une vie ascétique dans l’allégresse du don de soi. Il n’avait jamais cessé d’aimer son Afrique à laquelle il avait si mal. En formulant une demande radicale d’humanité pour l’Afrique des villages, des bidonvilles et des exclus, Ela a esquissé et mis en pratique une éthique de la transgression et une esthétique de la compassion. Il en a payé le prix, dignement. Oui, la dissidence intellectuelle se paie cash, surtout dans les lieux où les pouvoirs religieux et politiques imposent des spiritualités dogmatiques. Ni l’inflation des douleurs, ni les persécutions sournoises, ni la violence muette n’ont cependant empêché cet esprit indocile d’enfreindre les vérités rigides du religieux, de l’économique, du politique et du social.
Ela a accédé à « l’immortalité cosmique » – celle que seuls confèrent l’oeuvre qui reste, les actes posés, les manières d’être et les souvenirs incrustés dans le subconscient collectif. Son travail prophétique interroge la vaste accumulation du passé, décloisonne les savoirs et trace les horizons avec une espérance poignante. Comme la forêt innombrable du sud-Cameroun dont les nuances ne peuvent être répertoriées, son oeuvre énonce un nombre infini de sens. Cet ouvrage n’ambitionne donc pas d’en offrir une exégèse. L’objet ici est plus circonscrit : éclairer le parcours de l’homme, ouvrir quelques fenêtres sur sa parole et la porter au-delà des amphithéâtres et des conclaves théologiques.