Trop de gens éprouvent pour la musique plus de goût, ou de passion, que de considération et d’estime. Ceux mêmes qui l’aiment le plus, trop souvent ne font que l’aimer. Cela n’est pas suffisant, et cela n’est pas juste. Il est équitable pour elle, et pour nous il peut être profitable, de donner à la musique, dans l’ordre de l’intelligence, une place digne de celle qu’elle occupe dans l’ordre de la sensibilité. Autant que les autres arts, elle a des attaches et comme des racines au plus profond de notre entendement. Plutôt que de les couper, il importe de les connaître et au besoin de les fortifier. Pour cela, rien n’est meilleur que d’examiner la musique à la clarté de certaines idées générales, de l’essayer et, pour ainsi dire, de l’éprouver à leur contact, de faire passer en elle quelques-uns des grands courants de l’esprit. Nous l’avons considérée naguère au point de vue social ou sociologique. Aujourd’hui nous tâcherons de voir se combiner et se commander en elle deux principes ou deux éléments universels et partout coexistants : l’idéalisme et le réalisme, ou, si l’on craint les termes d’école, l’idéal et la réalité.