La Grande Guerre : celle de l'horreur, de la guerre moderne, des massacres de masse, des gaz et du chemin des Dames. Celle aussi de nombreux écrivains, morts au champ d'honneur ou survivants meurtris, dont beaucoup ont entrepris la gageure de conter la guerre, ses logiques et ses folies. Dire l'indicible de ces batailles, dire l'horreur exigeait l'invention de nouvelles formes d'écriture, âpres et épiques, qui puissent aussi traduire la vulnérabilité de la condition humaine et de l'idée même de civilisation. Une écriture qui puisse faire écho aux roulements des tambours militaires, à l’enfer des tranchées, à la puanteur des charniers, au sifflement des obus, à la vision des spectres qui marchent, dans un « crescendo diabolique de vacarme » en un « noir grouillement universel » (Henri Barbusse). Les auteurs du présent livre se sont penchés sur les répercussions de la guerre dans les textes d'écrivains et de poètes, mobilisés ou à l’arrière, tels que Charles Péguy, Alain-Fournier, Marcel Proust, Aragon ou Apollinaire : par quels biais les effets – parfois dévastateurs – sur l’état psychologique sont-ils traduits ? Comment les valeurs du patriotisme et du pacifisme se sont-elles opposées, ou ont-elles coexisté ? Comment, enfin, ce conflit a-t-il radicalement transformé la création littéraire et philosophique européenne ?