Dans l’œuvre narrative d’André Pieyre de Mandiargues, la tonalité littéraire du romanesque, qui est ici de nature pulsionnelle excluant toute mièvrerie, ne se résume pas à l’expression du désir. Avec une sorte d’ambition épistémologique, elle semble invalider les oppositions convenues entre l’instinct et la raison, le rêve et l’action, ou encore l’imagination et le réel. Au cœur de ce romanesque des profondeurs, le corps joue un rôle crucial, participant à sa tentative de distorsion du réel et même à l’élaboration d’une métaphysique. Dans cet entrelacs du romanesque et du corps, c’est la chair sensible – thématique essentielle des récits – qui donne au romanesque de Mandiargues l’essentiel de sa substance et lui confère une dimension phénoménologique.