La première édition du Dictionnaire de l’Académie constitue un événement majeur dans l’histoire de la langue française. Pour la première fois, la langue se présente comme système. Pour la première fois, elle s’annonce comme une structure vivante, chargée d’histoire et reposant sur la mémorisation des textes fondateurs. Ce faisant, elle légitime l’assurance selon laquelle « la nation est d’abord définie par une langue » (Hélène Carrère d’Encausse). L’État doit donc s’en faire le garant : si toute politique se fait par la langue, il importe au préalable de définir une politique de la langue. C'est ce que l'on constate à la lecture des 18?000 mots de la première nomenclature, dont le modèle sera pérenne jusqu’à aujourd’hui. « Il faut saluer le courage de Giovanni Dotoli pour avoir pris en charge la totalité des questions posées par la première édition du grand lexique voulu par l’Académie française [ce qui fait qu’une monographie portant sur un dictionnaire peut se muer en histoire de la langue et des idées. » (Alain Rey)