Julie Courel fait œuvre de pionnière au Burkina Faso, car elle introduit la caméra dans le vécu quotidien d’une communauté qui se construit entre «zone lotie» et « zone non-lotie », entre « ex-villageois » et « pas encore citadins». Ma conviction est que c’est dans l’univers socio-économique où évolue le restaurant «Tchara», ses actrices et ses acteurs, que se construit la vraie ville africaine. Les trois films et la thèse écrite constituent un capital pour tous les jeunes chercheurs qui, à la suite de Julie Courel, voudront vivre, voir et sentir « l’autre ville » de Ouagadougou en construction avec « Ouaga 2000 » des années 2000. Les films laissent les acteurs libres de leurs faits et gestes et de leurs propos. Il n’y a ni misère noire ni mendiants, ni enfants aux ventres ballonnés tant médiatisés hors d’Afrique. Makini, Kanama ou Aminata travaillent et gagnent leur vie à la sueur de leur front, sans plus. C’est une existence comme n’importe quelle autre, n’importe où sur cette « terre des hommes ». Chercher à comprendre et expliquer qu’on peut naître, vivre et évoluer en dehors et à côté des « normes » du système et de l’État Importé postcolonial en Afrique, c’est ce que réussit ce travail de reccherche, simple, profond et compliqué à la fois. Il fallait le faire, c’est fait. Pr Basile Laetare Guissou