Ce travail se présente comme un commentaire suivi des Fleurs du Mal, considérées, selon le vœu du poète, comme un tout souplement mais rigoureusement articulé. L’ordre de Baudelaire, c’est à la fois l’ordonnance du livre et l’ordre poétique par opposition à l’ordre naturel, moral et religieux, dont l’effondrement condamne le poète à l’exil et le contraint à retrouver en lui-même et dans un travail de composition à tous les niveaux du poème et du livre, en une entreprise sacrificielle, les fondements d’un idéal restauré à partir de ce qui le nie.
On s’est efforcé d’établir ici la nécessité interne du texte de Baudelaire, avec un souci d’exhaustivité, en intégrant chaque détail dans la structure d’ensemble, et en associant étroitement aux contenus les formes qui leur donnent leur sens. Cette démarche permet de préciser la signification et de réévaluer l’importance de nombreuses pièces, tout en ouvrant quelques perspectives sur une poétique moderne dans un cadre ancien qui, renouvelant de l’intérieur les formes classiques et parodiant les lieux communs de la tradition, tend à redéfinir le poème comme expression du moi le plus secret et à élaborer un langage nouveau, affranchi de la logique du discours, caractérisé par une pratique générale de la réversibilité.